Happy Tuteur : un coach pour préparer vos futurs salariés

Mettre en relation un demandeur d’emploi, une agence d’intérim et votre entreprise pour faciliter le recrutement ? C'est l'ambition du projet « Happy Tuteur », une action innovante qui permet d’épauler des viviers de candidats éloignés de l’emploi et en recherche active. Une aubaine pour les secteurs en tension.

Sur le territoire lorientais, on trouve d’un côté de nombreuses entreprises des secteurs du bâtiment, de l’industrie et de l’agroalimentaire ayant des difficultés de recrutement, et de l’autre des demandeurs d’emploi en situation de précarité dans des quartiers prioritaires. « J’accompagne ces demandeurs au quotidien, et avec ma collègue de l’agence Lorient Marine, nous voulions trouver le moyen de valoriser leurs profils tout en faisant matcher leur recherche avec les besoins des entreprises », raconte Laure Champier, conseillère en charge du dispositif territorial d’accompagnement (DTA) pour les quartiers prioritaires de l’agence Pôle emploi Lorient ville.

C’est dans ce cadre qu’elles ont élaboré un dispositif unique baptisé Happy Tuteur. Proches des agences d’intérim du territoire, les agences Pôle emploi ont vu dans leur connaissance du tissu économique local et leur expérience en matière de recrutement une réelle opportunité. Leurs objectifs ; redonner confiance aux candidats et faire le pont avec les entreprises et industries du territoire à la recherche de candidats motivés.

Une réponse individualisée et qualitative

Concrètement, chaque tuteur est conduit à accompagner individuellement et pendant 3 mois des candidats dont les prérequis et l’adhésion au concept ont été d’abord validés par les agences Pôle emploi. Lorsqu’un conseiller identifie un demandeur d’emploi intéressé, il transmet une fiche de liaison à un partenaire en agence d’intérim, lequel a ensuite pour mission d’avoir un accompagnement bienveillant : en partageant sa connaissance des métiers et du terrain, en contribuant à donner une image réaliste des attentes d’un secteur professionnel, en apportant une aide technique à la recherche d’emploi (CV, simulations d’entretien…), en affinant son projet dans un secteur défini, ou encore en réfléchissant à la transférabilité de ses compétences.

« Même si les agences d’intérim n’ont pas l’obligation d’embaucher la personne tutorée en intérim, cela permet de profiter d’un nouveau réseau et d’une autre source de conseil, explique Laure Champier. Or je crois qu’une partie de mon travail consiste à créer un réseau pour des personnes qui n’en ont pas. »

Chez Supplay, une tutrice convaincue

Lancé mi-2022, Happy Tuteur fait déjà ses preuves, grâce notamment au réel investissement des 4 agences d’intérim engagées dans le dispositif aux côtés de Pôle emploi. L’agence Supplay compte parmi elles. Et sa responsable Emeline Falquero prend son rôle de coach très à cœur. « Même si c’est dans l’ADN de Supplay d’être un partenaire d’emploi réellement à l’écoute, pour les candidats que nous recevons et pour les entreprises que nous représentons, Happy Tuteur dépasse largement la dynamique du business. Être Tuteur implique de comprendre en profondeur le demandeur d’emploi que nous accompagnons et de prendre le temps nécessaire pour le rassurer sur ses aptitudes, mieux définir son projet, explorer des pistes qu’il n’aurait pas imaginées seul et, si possible, le mettre en poste », estime-t-elle.

En 8 mois, Emeline Falquero a pu suivre 4 personnes dont 2 ont trouvé un poste. Si l’une d’elles n’a pas souhaité poursuivre sa mission dans une enseigne de bricolage, l’autre se plaît beaucoup dans son poste d’assistant de conducteur de travaux en intérim. Pourtant, en ne se fiant qu’à son CV, elle n’avait a priori aucune compétence technique liée à cet emploi. Mais parce que c’était une personne fiable, débordant de motivation et dotée d’un grand sens de l’organisation, sa tutrice a pu valoriser son savoir-être et l’aider à obtenir un entretien, après quoi la candidate a su séduire l’employeur. « C’est vraiment très satisfaisant et cela marche parce que derrière nous sommes plusieurs à nous investir, souligne Emeline Falquero, qui invite d’autres partenaires à adhérer au dispositif Happy Tuteur. Certes, on fait petit à petit. Mais il suffit d’une personne, d’un candidat qui était dans une sorte de tourbillon et qui arrive à s’en sortir grâce à notre soutien, pour que cela donne toute sa valeur à notre engagement ».

À cet égard, Happy Tuteur a bien vocation à s’étendre et à faire du coaching personnalisé l’une des voies de reprise de confiance et de valorisation des demandeurs d’emploi.