Recrutement : et si on inversait les rôles ?

Inverser les rôles de recruteur et candidat l’espace d’un instant ? C’est le principe du job dating inversé (JDI).

Recruter grâce au job dating inversé

Une méthode porteuse dans les secteurs en tension

L’été dernier, les agences Pôle emploi de la Roche-sur-Yon ont animé un événement de job dating inversé. L’objectif ? Dresser des ponts entre les entreprises du bassin d’emploi, issues pour la plupart de secteurs en tension (logistique, aide à la personne, industrie, commerce…) et des demandeurs d’emploi longue durée ou dans l’attente d’une reconversion. Le principe : inverser les rôles l’espace d’un instant pour créer de nouvelles opportunités de recrutements. C’est ainsi que pendant sept minutes, les DRH d’entreprises comme La Fournée Dorée, le fabricant de bateaux Beneteau ou encore ACM étaient amenés à présenter l’activité et les savoir-faire de leur structure, ainsi que leurs besoins en recrutement.

« Au cours de la journée, une vingtaine d’entreprises a ainsi pu faire connaissance avec un peu plus de 200 participants. De nombreuses prises de contact et visites de locaux plus tard, plusieurs contrats d’embauches ont été signés. »

Face à eux, se trouvaient des candidats aux profils variés, faisant partie des publics éloignés de l’emploi et issus de plusieurs sourcings et réunions d’information effectués en amont. Dans ce département en fort besoin de main-d’œuvre, de nombreux employeurs et demandeurs d’emploi ne se croisent pas. D’où la nécessité de combler le fossé entre les deux, comme nous l’explique Catherine Kowalczyk, Conseillère relation entreprises à l’agence La Roche Sud : « Dans notre bassin, il y a énormément d’offres d’emploi mais très peu de demandes. Le job dating inversé nous permet de rapprocher ces publics en permettant simplement leur rencontre. Ensuite, le but est de mettre en place des dispositifs en adéquation avec chaque situation : des visites, des immersions et des formations. »

« Les recruteurs étaient satisfaits de l’événement. Cela permet à la fois de mettre en avant sa marque entreprise, mais également d’ajuster certains aspects dans les pratiques de recrutement »

Au cours de la journée, une vingtaine d’entreprises a ainsi pu faire connaissance avec un peu plus de 200 participants. Une méthode sans CV à travers laquelle le savoir-être et la motivation des candidats font la différence. De nombreuses prises de contact et visites de locaux plus tard, plusieurs contrats d’embauches ont été signés« Les recruteurs étaient satisfaits de l’événement. Cela permet à la fois de mettre en avant sa marque entreprise, mais également d’ajuster certains aspects dans les pratiques de recrutement », précise Catherine Kowalczyk.

Trouver aiguille à sa main

Présent au sein de l’événement, l’Atelier Couture Moutierrois, entreprise de confection textile « Made in France », sous-traitant pour des marques de luxe, était à la recherche de plusieurs employés sur des postes de confection. Victime d’une image dégradée liée à la pénibilité et aux délocalisations, l’industrie textile peine à attirer les nouveaux candidats. Pourtant, loin de la vision stakhanoviste que certains peuvent en avoir, les conditions de travail des métiers de l'habillement se sont aujourd’hui largement modernisées. C’est pour convaincre les potentiels candidats que Laurence Rouch-Herblot, responsable RH de l’ACM, utilise de nombreux leviers de recrutement : « J’avais déjà participé à ce genre de démarches. Cela permet de croiser des candidats sur lesquels on n’aurait jamais pu mettre le doigt, et d’expliquer à quel point les métiers de la couture ont changé : les machines sont neuves, on dispose d'aménagements de postes pour éviter les TMS, les postes sont adaptés à chacun et en rotation. »

À l’issue du JDI et d’une visite de l’atelier, située à Moutiers-les-Mauxfaits (85), ACM et Pôle emploi recontactent Brigitte Molinari, 57 ans, pour lui proposer une formation et une embauche. Un dispositif assuré de concert par ACM et Pôle emploi : « On a tout d’abord proposé une immersion de trois jours, pour que Madame Molinari observe les réalités du poste. Ensuite, on a mis en place un parcours TPME vers l’emploi, un dispositif qui permet de financer une formation pour que les candidats acquièrent les compétences nécessaires » explique Catherine Kowalczyk. Une tutrice est ensuite désignée au sein d’ACM, pour proposer un accompagnement sur-mesure et des missions adaptées à Brigitte Molinari, reconnue travailleuse handicapée (RQTH) : « Une responsable de l’entreprise prend en charge l'accueil et la formation des nouveaux employés. Le but, c’est d’investir dans la formation et le suivi. Madame Molinari n’avait jamais fait de couture, et pourtant elle s’est découvert une affinité avec ce métier. Aujourd’hui elle est employée polyvalente en finition et au service coupe » complète Laurence Rouch-Herblot.

ACM se satisfait également du partenariat avec Pôle emploi à travers d’autres dispositifs, comme la Méthode de Recrutement par Simulation (MRS) dont 4 employées sont issues. Dans cette entreprise dynamique, pas de doute, le job dating inversé a fait ses preuves !