Se reconvertir pour devenir infirmière : l’exemple de Paula

Paula a commencé sa vie professionnelle en travaillant dans la logistique, dans le secteur privé et pendant plus de sept ans dans l’humanitaire. Depuis toujours elle est animée par le besoin de se sentir utile. En 2021, elle a sauté le pas de la reconversion pour devenir infirmière. Elle revient sur son parcours et sur ce qui l’a poussée à aller vers un métier du soin.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Paula, j’ai 34 ans, j’ai grandi en banlieue parisienne et je vis à Paris.
Après mon bac, j’ai fait une prépa HEC puis une école de commerce à Lille (Master Management avec spécialisation Logistique).
Depuis septembre 2021, je suis étudiante infirmière !

Quel a été votre parcours professionnel ?

À chaque fois que je me suis demandée ce que je voulais faire comme métier, la réponse à toujours été : travailler dans l’humanitaire. Ce qui m’attirait le plus était de me spécialiser dans la logistique (transport, achat, stockage, importation) dans le cadre de missions assurées par des associations internationales. J’ai choisi de faire une école de commerce et j’ai opté pour un Master en alternance dans le cadre duquel j’ai travaillé au sein de l’association Action contre la faim.
Mon diplôme en poche, j’ai intégré l’association Acted. Après une première mission très éprouvante de plusieurs mois à Haïti, j’ai voulu tester le fonctionnement d’une entreprise privée et j’ai intégré Veepee pendant un an en tant que Coordinatrice logistique. J’y ai appris plein de choses, mais j’avais besoin de retrouver plus de sens dans mon métier.
En 2014, j’ai donc commencé à travailler pour Médecins sans frontières. J’ai respectivement occupé les postes de Responsable entrepôts (au Sud-Soudan), Responsable approvisionnement (en Centrafrique), Coordinatrice approvisionnement (à Djibouti puis au Congo) et Référente approvisionnement (au siège de Médecins sans frontières à Paris). Des expériences assez incroyables et très enrichissantes.

Pourquoi avez-vous décidé de vous reconvertir ? À quel moment avez-vous eu le déclic ?

Au Sud-Soudan, j’ai visité un des plus gros hôpitaux de la région. C’était intense mais au milieu des infirmières je me suis sentie à ma place, j’ai eu envie d’y rester, de faire partie de leur équipe, de les aider. J’ai tout de suite senti qu’il y avait entre les murs de l’hôpital une vraie raison d’être. Six ans après, lorsque je travaillais au siège de Médecins sans frontières, j’ai commencé à éprouver une forme de lassitude, d’ennui par rapport à mes missions. Pour comprendre s’il s’agissait d’un manque du terrain ou d’une envie d’un virage professionnel complet, j’ai demandé à faire un détachement en mission. Je suis partie trois mois en Palestine. Là-bas, j’ai rencontré les équipes d’un hôpital situé à Gaza et j’ai eu le vrai déclic : je voulais devenir infirmière. Des années après le premier « tilt » ressenti au Sud-Soudan, l’envie était devenue une évidence.

« Ma motivation première, c’est d’être utile. »

Infirmière anesthésiste regardant les moniteurs durant une intervention.

Comment avez-vous choisi votre formation ?

J’ai commencé par échanger avec des infirmières qui travaillent chez Médecins sans frontières pour me renseigner sur le métier, comprendre quelles étaient les qualités nécessaires : la bienveillance, la patience, l’empathie notamment. Toutes ont également insisté sur la difficulté du métier, mais – et à l’unanimité – aucune d’entre elles n’a regretté son choix de carrière. J’ai ensuite participé à plusieurs journées portes ouvertes organisées par des Instituts de formation en soins infirmiers, pour poser toutes mes questions et rencontrer des étudiants infirmiers. À chaque étape, j’étais de plus en plus sûre de ma décision. J’ai donc préparé le concours AP-HP que j’ai obtenu en septembre 2021, j’ai alors commencé mes études d’infirmière.

Comment celles-ci se déroulent-elles ?

Le premier semestre est un peu plus théorique que les autres, car il faut consolider les bases du métier (en biologie, anatomie, psychologie, etc.), mais ensuite la majeure partie des études s’alternent entre dix semaines de cours et dix semaines de stages. Les domaines dans lesquels nous devons faire nos stages sont très variés et permettent de se spécialiser au fur et à mesure.
J’ai fait mon premier stage dans un établissement d’aide médicalisée et cela a été très enrichissant. J’attends les futurs stages pour affiner mon projet.

Que diriez-vous à quelqu’un qui hésite à sauter le pas ?

C’est difficile de reprendre des études à 33 ans ou à n’importe quel autre âge d’ailleurs. C’est difficile de devoir réorganiser complétement sa vie. De mon côté, je suis tombée enceinte, j’ai eu mon premier enfant et j’ai dû faire un report de scolarité. C’est aussi difficile de trouver les solutions pour financer une reconversion et j’ai dû pas mal batailler, mais il existe des solutions notamment avec Pôle emploi. Je reste déterminée parce que je sens que je suis à ma place. Nos vies professionnelles sont longues, autant tout faire pour qu’elles nous ressemblent au maximum.
Et puis, j’ajouterais ce que toutes les infirmières à qui j’ai posé la question m’ont répondu : c’est un métier très dur, mais c’est aussi l’un des plus beaux au monde.

Infirmier : un métier d’avenir

  • Toutes spécialités confondues, les infirmiers représentent aujourd'hui la part la plus importante des professions de soin. Ils sont ainsi en France 740 000 professionnels en exercice.
  • Infirmier fait d’ailleurs partie du top 10 des métiers les plus recherchés en 2021 !