Mission sauvetage du métier d’électro-bobinier !

L’entreprise de maintenance industrielle John Cockerill à Fos-sur-Mer tire la sonnette d’alarme : le métier d’électro-bobinier est en voie de disparition. Ses responsables ont donc répondu à l’appel à projets du Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC) en Provence-Alpes-Côte d’Azur pour ouvrir un centre de formation dédié, avec l’aide de Pôle emploi.

« L’entreprise John Cockerill a pris le problème à bras-le-corps et a su trouver les bons interlocuteurs, avec Pôle emploi, pour mener à bien ce projet de formation. » Myriam Colombari – Responsable d’équipe à l’agence Pôle emploi de Martigues

Centre de formation sur mesure

Le métier d’électro-bobinier est rare et précieux, et fait partie des métiers que la numérisation des industries ne transforme ni ne supprime. « Du travail, il y en aura toujours. C’est un métier de carrière », souligne même Emmanuelle Flanderinck, la responsable des ressources humaines région Sud-Est de John Cockerill. Quelque 100 postes d’électro-bobinier sont à pourvoir dans les entreprises industrielles de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Problème : plus aucune formation n’existe en France pour ce métier. « John Cockerill a contacté Pôle emploi l’an dernier pour recruter mais nous avons été confrontés au manque de candidats, et notamment de candidats formés : les sessions de recrutement classiques n’ont donc pas porté leurs fruits, il fallait trouver d’autres solutions », explique Myriam Colombari, responsable d’équipe à l’agence Pôle emploi de Martigues. Les dirigeants de John Cockerill décident alors de postuler à l’appel à projet du Plan d’Investissement dans les Compétences pour créer un centre de formation sur mesure. Lauréats, ils financent à hauteur de 30 % ce projet, les 70 % restants étant pris en charge par le PIC.

Passion, bienveillance et solidarité

C’est pour la passion et la préservation de ses métiers que l’entreprise John Cockerill est actrice de leur pérennité : « Le métier d’électro-bobinier est exigeant mais nous guiderons tous nos stagiaires vers leur réussite », souligne Emmanuelle Flanderinck.

Bienveillance : cette formation de six mois est ouverte à tous les demandeurs d’emploi, débutants, expérimentés, en reconversion, homme ou femme, jeune ou moins jeune : « Nous demandons un niveau CAP-BEP car il y a une grande partie de mathématiques dans cette formation, détaille Myriam Colombari. Après avoir sélectionné les candidats, nous travaillons sur leurs habiletés grâce à de petits exercices : nous essayons de déceler de la dextérité, de la minutie et de la patience dans leurs profils. Des qualités indispensables pour le poste. » 

Cette formation mobilise aussi l’Action de formation en situation de travail (AFEST), un dispositif qui permet à chaque stagiaire d’être accompagné par un binôme formateur qui lui transmet les gestes techniques jusqu’à leur maîtrise.

Un temps réflexif complète la formation pour analyser et asseoir les apprentissages. Solidarité, enfin, puisque John Cockerill prévoit de recruter en CDI deux à trois des six stagiaires formés. « Il restera donc des candidats qualifiés à embaucher, dès mars 2023, et nous invitons les entreprises industrielles de la région à leur donner leur chance ! » Face aux difficultés de recrutement, Emmanuelle Flanderinck explique « ne pas vouloir débaucher du personnel dans les autres sociétés. C’est pourquoi nous nous mobilisons pour tout notre secteur d’activité ».

Le Pacte régional d’investissement dans les compétences prévoit une centaine de personnes formées d’ici 2023. Grâce à son centre de formation flambant neuf, d’autres sessions seront proposées par John Cockerill sur les métiers de l’usinage ou de la plasturgie par exemple, qui profiteront aux entreprises industrielles de la région.