L’illectronisme des salariés n’est pas une fatalité, des solutions existent !

Si vous n’êtes pas particulièrement à l’aise avec le numérique et que vous avez le sentiment que votre travail et votre entreprise se digitalisent à la vitesse de l’éclair, sachez que des solutions existent pour vous permettre de prendre le train en marche ! Frédéric Bardeau, Président de la start-up sociale Simplon, vous livre sa vision du rôle des entreprises dans l’accompagnement des salariés, et les opportunités qui en découlent.

L’inclusion numérique est un élément de responsabilité sociale des entreprises, pouvez-vous nous dire pourquoi ?

Les entreprises sont responsables du maintien de l’employabilité de leurs salariés, dans un contexte où tous les services du quotidien, de l’État et des entreprises se dématérialisent. Des ruptures d’égalité peuvent naître dans ce contexte. Les entreprises doivent donc veiller à maintenir les compétences des employés !
La crise sanitaire nous a démontré que nous avons globalement des difficultés à passer au tout numérique dans le cadre du travail. Certains salariés n’ont pas d’ordinateurs ou de tablettes à leur domicile, d’autres n’ont pas d’accès à Internet et font appel à des associations pour réaliser des démarches en ligne. Il existe donc une vraie fracture, et les entreprises ont leur part à prendre pour ne laisser aucun salarié de côté.

13 millions de Français souffrent d’illectronisme et 50 % des métiers vont disparaître ou être transformés par le numérique. Quelle position les entreprises peuvent-elles adopter face à ce constat ?

Je crains que ces chiffres ne soient sous-estimés… C’est en réalité beaucoup plus.
Les entreprises doivent mettre en place une acculturation, de la sensibilisation et de la formation. Cela passe avant tout par de la médiation humaine, car le numérique ne s’enseigne pas : il se pratique ! L’éducation au numérique se fera d’abord par le développement d’une culture digitale et par l’inclusion.
Par exemple, l’un de nos clients a souhaité dématérialiser l’ensemble de ses processus RH et a pleinement impliqué ses salariés dans cette mutation, pour n’exclure personne, notamment les salariés du terrain, qui n’ont pas dans leur quotidien à manipuler des logiciels, un ordinateur, etc., et qui ont donc dû, entre autres, apprendre à se connecter à des outils numériques pour consulter leurs fiches de paie.

Quels sont vos conseils aux entreprises qui souhaitent intégrer pleinement les salariés à leur transformation digitale ?

Il faut réaliser un diagnostic, un état de l’art afin d’évaluer le niveau des salariés. D’une manière générale, il faut objectiver les choses et poser un constat pour ensuite élaborer un plan d’actions. Il existe de nombreuses ressources gratuites et accessibles aux entreprises en ce sens. De plus, ce type de diagnostic permet aussi de découvrir des compétences numériques ignorées chez certains salariés. Cela peut créer des opportunités de mobilité au sein même de l’entreprise.

Comment les accompagnez-vous pour intégrer les salariés éloignés de l’emploi ?

Tout d’abord, nous détectons les illettrés du numérique et nous les formons aux compétences numériques fondamentales, qui représentent un socle de base pour être à l’aise dans une société qui se digitalise. Il y a une grande diversité dans l’illectronisme mais les salariés sont en demande d’autonomie sur ces sujets. Avec Simplon, nous réalisons des formations intensives qui durent entre 3 et 5 jours, et, même s’il nous arrive d’être face à certains salariés très réfractaires, la plupart accueille ce changement avec intérêt.

Comment les accompagnez-vous pour mettre en place des passerelles, des reconversions à destination des salariés dont l’emploi est menacé par le numérique ?

Nous les accompagnons en leur ouvrant des perspectives sur ce que leurs salariés pourraient faire une fois reconvertis au numérique, sans que cela ait forcément un lien évident avec leur métier actuel.
A titre d’exemple, nous accompagnons des acteurs de la grande distribution, pour qui l’avenir du métier d’hôte ou d’hôtesse de caisse est un sujet de préoccupation. Notre rôle consiste à faire prendre conscience à ces entreprises que ces salariés dont l’emploi pourrait être amené à disparaître peuvent se reconvertir dans le numérique sans forcément avoir de prédispositions.
Nous faisons ce même travail avec La Poste, pour qui nous avons formé de nombreux postiers au métier de développeur Web, ce qui leur a ensuite permis d’intégrer les directions techniques du groupe.
Les entreprises ne doivent pas préjuger de ce que les salariés sont capables de faire, car ils sont tout à fait en capacité de se réinventer.