De Paris à La Réunion pour les champignons

C’est en 2013, lors de la visite d’une structure coopérative de culture de champignons de Paris en métropole et aux Pays-Bas, que l’idée germe dans la tête de Côme Damour et de ses collègues. Et si une champignonnière sortait de terre à La Réunion ? Huit ans plus tard, le projet se concrétise en collaboration avec la marque LOU et les besoins en recrutement sont bien là. 

“Pôle emploi a été très efficace pour trouver les stagiaires, mettre en place la formation, expliquer le projet et les attentes, tout cela en très peu de temps“.Côme Damour, représentant de la SCEA MYCOPAL.

Un recrutement dans l’urgence

“Auparavant, une grande partie des champignons était importée à La Réunion. Notre objectif est de se substituer à l’import. C’est plutôt bien parti”, confie Côme Damour. De l’idée à la concrétisation, les années filent. Le temps d’écrire le projet, réaliser les études économiques et de rentabilité, s’assurer de la demande auprès des consommateurs, construire le bâtiment et recruter.

C’est là que Pôle emploi intervient : “le projet Mushrooms était en cours depuis quelques années, mais nos services ont été sollicités deux mois avant l’ouverture de la champignonnière. Il a donc fallu réagir très vite pour recruter 15 cueilleurs de champignons”, confie Valérie Hoareau, conseillère relations entreprises, Pôle emploi de Saint-André.

“Avec les retards dans la construction du bâtiment liés à la COVID-19, nous avions mis de côté la partie production. Lorsque nous avons démarré, nous nous sommes aperçus qu’il y avait du besoin en personnel et qu’il n’y avait pas de main-d’œuvre formée sur l’île. Nous avons contacté Pôle emploi qui a été très efficace”, se réjouit le chef d’entreprise.

“Ce n’était pas une mince affaire que de trouver des profils correspondants, car la cueillette de champignons n’existe pas à La Réunion et nous n’avions pas encore de production de champignons de Paris sous serre”, se souvient Valérie Hoareau.

“Nous avons effectué une recherche dans notre fichier de personnes issues de l’agriculture, dans la récolte de litchi, de canne à sucre ou qui travaillaient dans les rayons frais. Nous avons présélectionné une centaine de candidats”, complète la conseillère Pôle emploi.

Une formation concrète

La formation a ensuite pu débuter : “une quarantaine de personnes a assisté à une réunion d’information collective durant laquelle nous avons présenté le métier via notamment des supports vidéo. Suite à cela, une trentaine de candidats était intéressée et nous avions 19 entrées en formation POE (préparation opérationnelle à l’emploi) d’une durée d’un mois. Il a donc fallu faire une grosse sélection”, relate Valérie Hoareau.

Puisque les champignons avaient déjà été semés en septembre, la formation qui s'est déroulée d’octobre à novembre a pu être concrète : “les stagiaires étaient sur notre site, nous avons mis à disposition les outils et les équipements. Ils ont alterné entre théorie et pratique avec la cueillette des premiers champignons”, poursuit le récoltant. 

À l'issue de la formation, quinze personnes ont été recrutées dont une personne malentendante bénéficiant de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. “C’est une fierté pour nous, car il a fallu faire appel à un interprète pour les entretiens et adapter la formation en utilisant notamment un équipement auditif”, explique la conseillère.

Un sentiment partagé par Côme Damour : “l’intégration s’est très bien passée, c’est quelqu’un de motivé qui fait désormais partie des meilleurs cueilleurs”. Un autre candidat s’est démarqué et a obtenu immédiatement un poste de chef de cueille.

“Ce recrutement dans l’urgence s'est donc très bien déroulé. Nous avons réussi à mobiliser un budget spécifique pour accompagner ce projet. Nous nous sommes ensuite consacrés à 100 % à ce recrutement. C’était un travail de longue haleine, mais ça en valait la peine”, conclut Valérie Hoareau.

“Au final 15 personnes ont été recrutées dont 13 jeunes et deux demandeurs d’emploi de longue durée”, Valérie Hoareau.