Travailler sa mémoire : les techniques incontournables

Qui n’a jamais été confronté à un oubli ou à un doute sur ses connaissances ? Si nous n’avons pas tous les mêmes prédispositions, chacun de nous peut travailler sa mémoire à l’aide d’exercices simples, pratiqués régulièrement.

Halte aux « neuromythes » ! Dans leur ouvrage Mémoire : vous avez le pouvoir !*, Fabien Olicard et Michel Cymes démentent une croyance tenace : quelles que soient nos performances en la matière, notre mémoire n’a pas de spécialisation particulière sur un registre visuel, auditif ou tactile.
D’autre part, nous n’avons pas une mémoire mais des mémoires. L’INSERM distingue ainsi cinq grandes catégories, impliquant des réseaux neuronaux distincts : la mémoire de travail, la mémoire sémantique, la mémoire épisodique, la mémoire procédurale et enfin, la mémoire perceptive.
Si les prédispositions génétiques peuvent varier d’un individu à l’autre, bonne nouvelle : une grande part de son efficacité dépend de notre manière de la travailler !

La mémoire de travail, la clé d’une mémoire en pleine forme

La mémoire de travail se distingue par son caractère à court terme. Pendant une durée de 20 à 30 secondes maximum, elle traite les informations avant de les envoyer ou non dans notre mémoire à long terme. Tel un centre de tri, elle sert à enregistrer les informations qui doivent être conservées, pour lutter contre la fameuse « courbe de l’oubli », décrite par le psychologue Hermann Ebbinghaus.
Voici quelques astuces pour faire de votre mémoire votre meilleure alliée. De quoi ne plus oublier ce fichu mot de passe si important, ou encore vous rappeler rapidement du nom de cette connaissance professionnelle que vous aimeriez recontacter.

Travailler sur les associations d’idées

Pour se souvenir d’une information, les moyens mnémotechniques et la synthèse de l’information sont des outils déterminants. Par exemple, si les composantes d’un numéro de téléphone regroupent des nombres à deux chiffres, c’est pour globaliser l’information, en réduisant le nombre d’éléments à retenir. En effet, les études scientifiques sur le sujet ont montré qu’en moyenne, un individu a la capacité de stocker sept items dans sa mémoire de travail. Aussi, un mot de passe se terminant par un mot (un item) sera toujours plus facile à retenir qu’une suite de plusieurs chiffres sans signification (plusieurs items). Travailler sur les associations d’idées est aussi un bon moyen de mnémotechnie, par exemple en associant des éléments à retenir à des souvenirs personnels. Il s’agit ainsi d’imprimer une autre logique que celle de l’information apprise, comme dans le célèbre exemple grammatical « mais où est donc Ornicar ? », permettant de retenir les conjonctions de coordination, sous une forme ludique.

Une méthode simple pour travailler sa mémoire : les cartes mémoire

Souvent désignée sous le nom de « flash card » (ou cartes flash), la carte mémoire est un support de mémorisation astucieux. Reprenons l’exemple des fiches recto-verso donné par Fabien Olicard dans son ouvrage : si vous souhaitez mémoriser les capitales, vous écrirez Madrid sur le recto de la carte et Espagne au verso, afin d’associer le pays et sa capitale. Vous pouvez aussi l’enrichir d’informations plus complexes. Si vous souhaitez retenir l’organisation d’une entreprise, vous devrez hiérarchiser davantage l’information et la synthétiser, par exemple à l’aide de couleurs ou de la taille des lettres : un service représentant 80 % des effectifs pourra être écrit en plus gros. En fractionnant les informations à retenir entre le recto et le verso des cartes, cette méthode permet d’entretenir le lien entre deux informations, en réutilisant régulièrement les connexions entre les neurones utilisés.

Pour vous entraîner et faire travailler votre mémoire, il suffit de classer vos cartes dans une boite à chaussures. L’idée est de tirer une carte et de savoir si vous avez mémorisé l’information. Si vous savez dire ce qu’il y a au verso, vous placez la carte « plus loin ». Si vous séchez, remettez-la devant. Ce système permet de ne pas perdre de temps sur ce que vous avez déjà mémorisé, en réactivant les réseaux de neurones quand ils s’affaiblissent, c’est-à-dire en travaillant en priorité la répétition des informations non retenues. Pour mieux comprendre comment mettre cela en place, regardez cette vidéo, tout y est expliqué.

L’art de la synthèse

Si des applications informatiques pour créer des cartes mémoire existent, les réaliser vous-même sera bien plus stimulant pour vos neurones. Cela vous obligera à synthétiser l’information, ce qui est en soi un moyen efficace de mémorisation. Flèches, codes couleurs et schémas pourront vous aider à assimiler plus rapidement tout un tas de connaissances, et à faire de ces cartes mémoire un précieux outil.

S’il y a bien quelque chose dont nous ne manquons pas, c’est de toutes sortes d’outils techniques faisant office d’aide-mémoire. Aussi, savoir les mettre en pause de temps en temps ne peut que vous aider à améliorer vos capacités de mémorisation, et votre capacité à accéder rapidement aux informations stockées dans votre mémoire.

Soyez actifs !

Si la période de recherche d'emploi est souvent exigeante, ménager du temps pour vous est essentiel pour entretenir votre santé et donc votre mémoire.

Aussi, à l'instar d'un sportif de haut niveau, votre réserve cognitive se portera d'autant mieux que vous diversifierez vos activités.
Faire du sport et avoir une bonne hygiène de vie sont également des facteurs importants d’une mémoire en bonne santé. En effet, il est prouvé scientifiquement que l’activité physique favorise la création de nouveaux neurones dans l’hippocampe, stimule la mémoire et retarde le déclin cognitif. A l’inverse, une consommation trop importante de sucre est associée au vieillissement du cerveau et à l’apparition de signes précoces de la maladie d’Alzheimer.

La lecture (livres et journaux) figure également en bonne place dans les pratiques fortifiantes pour la mémoire, en nous obligeant à suivre le fil d'une histoire au long cours.Vous pouvez aussi miser sur

  • la pratique de jeux de société ou de jeux de cartes,
  • l'apprentissage d'une langue étrangère
  • la pratique du théâtre, du chant ou d’un instrument de musique, qui nécessite un travail de mémorisation d’un texte et/ou d’une partition
  • la pratique de jeux d’énigmes (casse-tête, sudoku, mots croisés, fléchés, etc.)
  • la participation à des activités créatives pour activer et fortifier vos neurones.

Sans oublier la curiosité, qui reste la source première de l'envie et donc de la capacité à mémoriser une foule d'informations ! La mémoire est de ces pouvoirs qui ne s’usent que si l’on ne s’en sert pas. Alors, à vous de jouer !

* Mémoire : vous avez le pouvoir !, 2022, éditions Solar