Innovation - Job dating inversé : inventer le recrutement de demain

Les outils en place pour recruter sont pour certains inefficaces et insuffisants lorsqu’il s’agit de lutter contre des représentations difficiles à faire évoluer, comme celle des demandeurs d’emploi de longue durée.

En Pays de la Loire, à la suite d’un challenge national lancé par la ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, en septembre dernier, 3 initiatives à fort potentiel en faveur de la réinsertion des demandeurs d’emploi durablement éloignés de l’emploi ont été saluées. Parmi elles, les job datings inversés.

Dans chacun des 5 départements ligériens, une action a lieu durant le mois de juin 2022.

Au sein de l’agence de la Roche-sur-Yon… une belle collaboration entre les conseillers entreprises et demandeurs et le psychologue du travail a permis de proposer un #Job dating inversé où les demandeurs d'emploi reçoivent les CV des entreprises en recherche de candidats. Coralie Pasquereau, conseillère entreprise à l'agence Pôle emploi de la Roche-sur-Yon nous expose cette action qui s'est déroulée le 30 juin 2022 : « Déconstruire les représentations était notre objectif. Nous avions déjà mis en place ce dispositif avec des demandeurs d'emploi de tous horizons en 2020. Mais cette fois-ci, nous avons axé notre sélection sur les demandeurs d'emploi longue durée. Il est urgent de déconstruire les lieux communs et de permettre aux entrepreneurs de découvrir, par le biais de rencontres innovantes telles que ce job dating Inversé, les nouveaux codes du recrutement inclusif et à spectre large. Plus de 20 entrepreneurs ont répondu avec enthousiasme à notre invitation ». Ce dispositif avait déjà été mis en place en 2020, cette initiative va permettre de concrétiser les rencontres entre demandeurs d'emploi et recruteurs.

Recruter différemment : une réflexion collégiale à mener

Vouloir changer les codes du recrutement et donc inverser les rôles sont des idées qui sont nées au sein de l'équipe composée des conseillers entreprises, des demandeurs et du psychologue du travail, Anthony Rousseau. « Ma présence au sein de l'agence et les réunions que nous organisons autour des problèmes de recrutement m'ont permis de mettre en évidence l'existence de freins ataviques tels que le manque de confiance en soi chez les demandeurs d'emploi de longue durée, mais aussi le manque de recul chez les entrepreneurs qui peinent à recruter. Organiser un job dating inversé, c'était redonner la parole aux demandeurs et offrir le temps aux entrepreneurs de se repositionner sur leur marque employeur », explique M. Rousseau.

Plus de 20 entreprises ont été conviées et pratiquement tous les secteurs sont présents. Un afterwork a été organisé pour les dirigeants de ces entreprises afin de leur expliquer le dispositif et de les préparer à cet exercice, celui de se mettre dans la peau du « recruté ».

Afterwork et ateliers : des outils innovants au service de chacun

Les recruteurs se sont vu proposer l'élaboration de leur CV entreprise. Et cette réflexion a été faite autour d'un questionnaire conçu par l'équipe de Mme Pasquereau : « Nous leur avons proposé de réfléchir sur l'image qu'ils souhaitaient renvoyer, et quels étaient les éléments qu'ils pouvaient mettre en avant pour donner envie à un demandeur d'emploi de longue durée de venir travailler dans leur entreprise. Le fruit de leur réflexion devait être présent dans leur CV qu'ils allaient remettre lors de ce job dating. L'enjeu était de leur faire comprendre que la valeur travail a évolué et ils ne peuvent plus ignorer que les candidats ont désormais eux aussi le droit de poser des questions et d'émettre des conditions et des réserves quant à leur fonctionnement ».

Les demandeurs d'emploi ont, eux, participé à des ateliers pour leur permettre de verbaliser toutes les interrogations qu'ils n'osaient pas exprimer, mais également de pouvoir reprendre en main leur image en se repositionnant comme acteur de leur parcours emploi.

« Ces ateliers étaient obligatoires pour participer à ce job dating. Et ce fut de vrais moments d'échanges où, par petits groupes, tous les candidats ont pu créer un support qui guidera leurs interventions lors de ces rencontres. Nous avons créé un vrai enthousiasme et une impatience chez des personnes qui semblaient être dépourvues de projet. Et c'est déjà une réussite à nos yeux ! », conclut Anthony Rousseau, psychologue du travail à Pôle emploi.