Et si la musique vous aidait à vous concentrer ?

Booba ou Chopin ? Punk ou bossa nova ? Si le cerveau aime la musique en travaillant, la concentration et l’efficacité ne souffrent aucune fausse note ! Voici quelques clés pour garder le rythme.

Et vous ? Faites-vous partie des 80 % des salariés français qui considèrent la musique comme une alliée au quotidien, un coup de boost, un levier de concentration, d’inspiration ou de détente ? Si le silence est d’or pour quelques irréductibles, 65 % des mélomanes interrogés déclarent utiliser le casque pour se motiver, 42 % pour s’apaiser, 40 % pour doper leur créativité et 18 % pour échapper au bruit ambiant, révèle une enquête Spotify/LinkedIn.

C’est la science qui le dit !

La musique adoucit les mœurs, et le travail ? Selon Hervé Platel, chercheur en neuropsychologie à l'université de Caen 1, écouter « le son » qui vous plaît stimulerait les circuits de la récompense de votre cerveau, les zones de la mémoire, de la connaissance et de l’attention.
En 2001, une étude des neuroscientifiques Anne J. Blood et Robert J. Zatorre démontrait également que la musique favorisait la libération de dopamine, l’hormone « du bonheur », à l’instar d’une séance de sport ou d’une dégustation de chocolat. De nombreuses recherches comportementales confirment ces enseignements, soulignant pour certaines les bénéfices de l’apprentissage musical sur les performances intellectuelles et scolaires lorsque pratiqué dès le plus jeune âge, ou encore démontrant que la musique permet d’accroître la productivité dans un contexte de tâches répétitives.
N’hésitez donc pas à apprendre un instrument en marge de votre activité professionnelle !

Oubliez les paroles !

Sans surprise, une balade sera préférable à du heavy metal pour chouchouter vos synapses. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les mélodies langoureuses d’Adèle, Coldplay et Ed Sheeran figurent en tête des écoutes quotidiennes, rapporte le sondage LinkedIn/Spotify. « Pour rester concentré, il est préférable de ménager des plages d’écoute de 10 à 15 minutes en choisissant des morceaux doux, avec un tempo proche de celui du rythme cardiaque au repos, soit 80 battements par minute », explique Hervé Platel, en écho aux expériences menées par l’université de Cambridge (Angleterre), qui indiquent que les musiques instrumentales favorisent davantage la concentration que les chansons avec des paroles. En effet, celles-ci peuvent venir parasiter les régions cognitives de votre cerveau sollicitées pour écrire, lire et apprendre, et altérer l’analyse, la compréhension sémantique et les performances mentales.

Lien utile : https://www.youtube.com/watch?v=DgutZMoCrdw

Préférez les musiques douces et instrumentales

Votre corps étant un orchestre à lui tout seul, il sera naturellement réceptif et influencé par la fréquence de la musique que vous écoutez.
Pour un effet relaxant : privilégiez les tempos lents et les versions instrumentales, par rapport à des grandes « chevauchée fantastiques » à 150 pulsations par minute, plus indiquées pour vous motiver et assurer des tâches plus « mécaniques ». Ce choix dépendant de notre sensibilité propre, les ténors des charts ne sont pas l’unique solution pour booster votre concentration et votre créativité : quantité infinie de styles musicaux se prêtent au travail au bureau ou à domicile…, pourvu qu’ils soient raccord avec votre activité professionnelle, l’efficacité attendue et le confort acoustique de votre entourage.

Initiez-vous au classique

Beethoven, Bach, Chopin et Mozart sont bien connus pour stimuler la mémoire, vous accompagner sans vous distraire sur des tâches complexes. L’état de Floride, aux États-Unis, a d’ailleurs pris ces bienfaits au pied de la lettre en promulguant le « Beethoven’s Babies Bill », qui incite les enfants à écouter une demi-heure de musique classique par jour pour stimuler d’une façon harmonieuse leur développement cérébral.

Lien utile : https://www.youtube.com/watch?v=uUZBko7yXSg

Soignez l’ambiance pour garder la cadence

La musique d’ambiance, de type Lo-fi, easy listening ou « musique d’ascenseur », aidera également à vous concentrer ou à chiller entre deux dossiers, sans disperser votre pensée aux quatre vents.
Pour vos envies de conquête ou d’évasion, mettez « play » sur Wagner, une bande originale de film épique ou de jeu vidéo, ou pourquoi pas des rythmes pop, hip hop, rock et latino pour rester pêchu et éveillé, avec modération dans la journée. Comme l’explique Daniel Levitin, psychologue cognitif, neuroscientifique, écrivain et musicien : « Un quart d’heure d'écoute de la musique produit le même effet sur notre humeur qu'une séance de sport ou une balade dans la nature, quelle qu'elle soit, tant qu'elle fait partie de notre playlist préférée ».

Inspirez-vous de la nature
Réputés pour leur pouvoir apaisant, les sons puisés dans la nature (rivière, chants d’oiseaux…), à l’opposé des sons artificiels, ont également un impact très positif sur la santé, avec une diminution mesurable du stress mental, une augmentation des performances cognitives et des niveaux élevés de créativité, ainsi qu'une amélioration du sommeil. À méditer !

Dis-moi ce que tu écoutes, je te dirai comment tu travailles !

Classique : la clarté des compositions de Haydn ou Mozart améliorent la concentration, la mémoire et la perception spatiale.
Rock : certaines formes « classiques » du rock stimulent les passions, d’autres relâchent les tensions… Il y a deux écoles !
Chant grégorien : basé sur les rythmes de la respiration, il donne une impression d’espace. Idéal pour se concentrer et méditer.
Baroque : les mouvements lents de Bach, Haendel ou Corelli donnent une sensation de stabilité, d’ordre, de sécurité et créent un environnement stimulant pour les travaux intellectuels.
Romantique : chargée émotionnellement (Chopin, Liszt, Wagner), elle recouvre toute la gamme des sentiments, de la plus grande tristesse à l’exaltation mystique.
Jazz, blues : les multiples formes « classiques » du jazz peuvent évoquer toutes les émotions humaines, et ont un impact plus tonifiant sur l’organisme.
Heavy metal, punk, grunge… : généralement écoutées très fort, ces styles affectent directement le système nerveux en sollicitant de manière excessive les tympans et les nerfs auditifs. D’où des réactions physiologiques immédiates telles que l’augmentation des battements cardiaques, de la respiration, de la tension, etc.
Techno : la pulsation et la fréquence de la basse rythmique de la techno évoquent les battements cardiaques. L’organisme est contraint de s’adapter à ce rythme, et ces fréquences modifient celles du cerveau. Ce qui provoque, à la longue, comme un « état de transe ».
Sacrée : orientales, occidentales traditionnelles ou modernes, toutes les musiques sacrées ont la particularité de distendre le temps et l’espace et de faire passer le cerveau en « ondes alpha ». C’est pourquoi elles sont propices non seulement à l’éveil spirituel, mais aussi à la relaxation et à la réduction des douleurs.

*Source : Psychologie magazine, juillet 2021

Quelques conseils de lecture pour aller plus loin

  • Le cerveau musicien, neuropsychologie et psychologie cognitive de la perception musicale, Bernard Lechevalier, Hervé Platel, Francis Eustache (Éditeur De Boeck Supérieur, 2010).
  • Le cerveau et la musique : une odyssée fantastique d'art et de science, Michel Rochon.Pourquoi certains airs arrivent-ils à nous tirer des larmes, à nous donner la chair de poule, à nous enthousiasmer ou à nous faire danser ? (Éditions MultiMondes, 2019).
  • La musique va changer votre vie ! Gilles Diederichs. Le son influence nos comportements, nos pensées, nos émotions, nos corps énergétiques, et peut changer notre vie au quotidien (First édition, 2018).

Par ailleurs, Hervé Platel est précurseur dans les techniques de neuro-imagerie permettant de visualiser l’activité du cerveau durant l’écoute et la pratique de la musique.