L'emploi bleu dans le vert

En mer comme sur terre, les opportunités d’emplois sont nombreuses. Eclairage de Marina Jovanovic, du Cabinet Diveintar Marine, spécialiste de l’emploi dans le secteur maritime.

Ce qui caractérise le secteur maritime, c’est la grande diversité de ses métiers…

Effectivement, on en recense plusieurs centaines dans une dizaine de filières qui représentent 355 000 emplois en France. Spontanément, on va penser à des fonctions exercées en mer : marin-pêcheur, capitaine, lieutenant ou chef mécanicien à bord de navires de la marine marchande…Sans parler de la Marine Nationale, qui a encore recruté 3 500 personnes en 2020.
Mais le secteur maritime, ce sont aussi des activités exercées à terre, au sein d’entreprises de travaux et services maritimes, sur les chantiers de construction ou de réparation des navires… A Marseille Fos, Saint-Nazaire ou encore Brest, de nombreux électriciens, mécaniciens, hydrauliciens, tôliers, charpentiers, tuyauteurs ou peintres vont intervenir sur tout type de navire : paquebot, cargo, navire de croisière, bâtiment militaire, chalutier ou yacht.
Cette industrie emploie 46 000 personnes. En plein renouveau, elle recrute aussi des cadres pour des fonctions techniques et supports : responsables d’exploitation, d’opérations, de constructions neuves, superintendants, chefs de projet, deviseurs, acheteurs, chargés d’affaires, RH…
Si la plupart des recrutements sont effectués à des niveaux allant du CAP/BEP à Bac +5 et plus, certains emplois d’ouvriers ou de techniciens qualifiés peuvent être accessibles à des personnes sans diplôme, à condition d’avoir acquis le savoir-faire nécessaire sur le terrain.

Qu’en est-il du côté de la logistique ?

La filière transport / logistique, qui emploie environ 48 000 personnes en France, a été moins impactée par la crise sanitaire. Elle est de celle qui recrute le plus actuellement. Le métier d'agent maritime reste notamment pourvoyeur d’emplois.
Dans les zones portuaires, ces professionnels jouent un rôle essentiel pour gérer le transport de marchandises. Cette fonction est accessible dès l’obtention du Baccalauréat et offre de nombreuses possibilités d'évolutions pour ceux qui ont le goût du travail de terrain et aiment les environnements internationaux.
N’oublions pas non plus les dockers et levageurs qui assurent l’essentiel du chargement et déchargement de marchandises dans des plateformes portuaires comme le Havre, Dunkerque ou Marseille-Fos.

Des personnes ayant exercé dans d’autres secteurs, pourraient-elles transférer leurs compétences vers le maritime ?

Bien sûr. Les acteurs du maritime qui peinent parfois à recruter entendent créer des passerelles avec d’autres secteurs, où l’on peut retrouver des compétences assez similaires. Sur le port de Marseille-Fos, par exemple, ces entreprises emploient régulièrement des personnes issues d’industries « lourdes » comme le pétrole et la métallurgie. Même si l’environnement d’un navire est différent d’une usine, on peut ré-exploiter certaines méthodes et savoir-faire sur les chantiers navals. Des personnes qui disposent d’un bagage technique d’électricien, de plombier, de soudeur ou tuyauteur peuvent se reconvertir dans une entreprise de construction ou de réparation navale. Un chauffeur de poids lourd, pourra lui aussi saisir des opportunités chez un logisticien en zone portuaire.

Et dans les filières pêche et aquaculture ?

Avec 68 000 emplois, la pêche et l’aquaculture sont les premiers employeurs du secteur maritime en France. Dans des régions productrices comme la Bretagne, la Normandie ou l’Arc Atlantique, les acteurs de la pêche ou de l’aquaculture vont eux aussi se tourner vers des personnes issues d’autres secteurs. Ces filières en manque de main-d’œuvre font partie de celles qui recrutent. Ce sont des métiers qui s’apprennent sur le terrain, où la motivation prime. L’environnement de travail est souvent rude, mais les rémunérations sont attractives. Les acteurs de la pêche qui travaillent pour la grande distribution ont été moins impactés par la crise sanitaire que ceux qui dépendent des marchés locaux et de l’exportation.

Les entreprises du maritime misent-elles sur la jeunesse ?

Elles ont la volonté d’attirer des jeunes talents, en leur offrant de réelles opportunités de monter en compétences et d’évoluer. Une personne qui rentre par exemple comme chaudronnier sur un chantier, peut évoluer rapidement vers des postes d’encadrement, si elle montre une appétence pour la gestion des équipes et la planification des travaux.
Certains métiers au contact de l’élément marin sont physiques, et leur rythme de travail est soutenu et cyclique. Mais ils offrent aux jeunes des perspectives et des rémunérations attractives. Ils sont par ailleurs aujourd’hui tout autant accessibles aux hommes qu’aux femmes.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui voudrait se lancer ?

Les métiers du secteur maritime demandent de la mobilité pour aller travailler d’une région côtière à l’autre, voire à l’étranger. C’est bien sûr le cas pour les marins mais aussi pour le personnel qui travaille à terre. Fort de son excellence technique et opérationnelle, le savoir-faire maritime français s’exporte très bien. Et il n’est donc pas rare de partir en mission quelques semaines sur un chantier de construction ou de réparation navale dans un autre pays ou de travailler en lien avec des clients à l’international. Que l’on soit technicien, encadrant, commercial ou personnel navigant, la maîtrise de l’anglais est donc indispensable, et un atout pour décrocher un emploi.
Pôle emploi propose avec les acteurs du secteur des dispositifs de mise en situation en milieu professionnel. Ce sont de bons moyens de partir à la découverte de ces métiers exercés par des passionnés et de mettre le pied à l’étrier.
Source chiffres : Cluster Maritime Français

Un secteur tourné vers l’avenir
A côté des métiers « traditionnels », on voit émerger de nouvelles filières comme les Energies Maritimes Renouvelables, dont font partie les éoliennes « off-shore ». Cette dernière représente environ 3 000 emplois. La Transition Écologique, dont les EMR sont l’un des piliers, va accélérer ses recrutements ces prochaines années.
Les acteurs du secteur maritime qui innovent et s’engagent à réduire leur impact environnemental sont aussi en recherche d’experts des énergies alternatives : GNL (Gaz Naturel Liquéfié), hydrogène … A l’heure de la transformation digitale, les entreprises recrutent par ailleurs des spécialistes de l’analyse de données ou de la cyber-sécurité.